Making Of
Pour comprendre l'histoire de ce film il faut d'abord savoir que Guillaume Bodin n'a jamais rien appris ni en vidéo, ni en cinéma, il est vigneron de formation.
L'idée est venu avec le temps, à force d'entendre trop de choses dénuées de sens sur la biodynamie et surtout le souhait de mettre en avant cette agriculture.
Lorsque Guillaume Bodin décide de tourner ce film, il n'a absolument aucune conscience du coût que ce type de documentaire représente, il n'a d'ailleurs pas d'argent d'avance. Pour commencer il décide de monter un projet Défi Jeune (bourse anciennement octroyée par le ministère de la jeunesse et des sports aux projets culturels ou professionnalisants), son projet prévoit au départ la production d'un film qui pourrait sortir un jour en DVD.
Le dossier pour l'obtention de la bourse lui permet de bien cadrer le projet et surtout de créer une petite entreprise: Univers Ditvin consacrée à la création de site internet dont le but est d'aider les vignerons à se développer sur la toile mais pour financer le film.
En parallèle, son travail chez les Bret Brothers lui apporte un revenu fixe. Sa présence sur le Domaine de La Soufrandière (Bret Brothers) durant la saison 2010 est un énorme avantage pour les prises de vues, les heures de tournage sont choisies suivant les lumières et tous les travaux du Domaine.
Tournage dans les Quarts du Domaine de La Soufrandière © Guillaume Bodin
Dès le départ Guillaume décide d'acheter une caméra semi-professionnelle avec ses accessoires (SONY PMW-EX1R) afin de faire de belles images. Après une petite formation financée par le Défi Jeune chez Pascal Sandrin fin Janvier 2010 les premières images sont tournées.
Plusieurs options sont encore à définir dans les choix cinématographiques, notamment celle de rester dans un style très documentaire avec une image un peu mouvementée ou faire de belles images dans le but d'amener de la magie au film mais qui peut également limiter l'aspect authentique. Finalement le choix des belles images est adopté pour changer un peu du style documentaire.
Il faut donc stabiliser autant que possible les images, outre le fait d'utiliser un bon trépied certain mouvement demande du matériel adapté et souvent onéreux. La décision de fabriquer son propre plateau de travelling adapté à toutes les situations devient inévitable. Après plusieurs recherches sur le net, le site de Tom Guilmette devient une source d'inspiration inépuisable. Avec l'aide de Denis Bienfait et Aurélien Colas, Guillaume conçoit son propre système de travelling avec des roues de skateboard et un peu de réflexion.
Une tige filetée, des roues de skateboard, de la visserie et une planche en bois... © Guillaume Bodin
... avec des tubes de canalisation ça permet de faire de magnifique travellings en moins de 5 minutes de mise en place © Guillaume Bodin
Le scénario se limitant à très peu d'obligation, le but était avant tout d'interviewer des vignerons et des professionnels capables de s'exprimer de manière claire et précise avec des notes d'humour sur des sujets qu'ils maitrisent. Et c'est là que la formation en viticulture-oenologie est devenue très importante. Tout d'abord, pouvoir parler aux vignerons de façon amicale a rendu les interviews beaucoup plus enrichissantes et décontractées. La connaissance du monde du vin était essentielle pour mettre en avant d'autres personnages que ceux apparaissant dans les précédents documentaires sur le vin ou l'agriculture biologique.
Une fois toutes les images tournées il fallait encore monter les 41 heures de vidéo engrangées durant la saison afin de les faire tenir dans un film de 82 minutes. Avant de monter le projet du film, Guillaume Bodin n'avait qu'une faible expérience en montage vidéo, elle se limitait à des courts métrages de ses voyages ou de ses péripéties en montagne.
Comme rien n'est impossible et que le budget était toujours limité au minimum il décide de réaliser le montage seul. Par chance, Guillaume fait la rencontre de Jean-Noël Roy lors de son passage avec Marie Mehu, sa femme, au Domaine de La Soufrandière lors des vendanges 2010. Cet ex-réalisateur des grands directs de la télé des années 60 est prêt à conseiller Guillaume dans le montage, une belle amitié se crée entre eux.
Guillaume Bodin, Marie Mehu et Jean-Noël Roy © Guillaume Bodin
Lors du montage l'évidence est d'utiliser le maximum de belles images tout en amenant des propos techniques avec beaucoup de philosophie. Le discours doit rester accessible sans pour autant devenir dénué de réflexions. Après quelques essais et les conseils de Jean-Noël, Guillaume doit apparaitre dans le documentaire pour que les spectateurs comprennent qui se cache derrière la caméra. Après plusieurs essais Guillaume décide de se faire aider par un ami à lui, Silvère Cheret, et ils tournent les prises de vues dans la cave de ses parents en Haute-Savoie courant Janvier 2010.
Guillaume Bodin lors des prises de vue dans la cave de ses parents en Haute-Savoie © Silvère Cheret
Silvère Cheret lors des prises de vue dans la cave en Haute-Savoie © Guillaume Bodin
Pour finaliser le montage il reste une partie voix off que Guillaume fait en collaboration avec Silvère Cheret loin des studios onéreux!!!
Enregistrement des voix off dans l'appartement de Silvère © Guillaume Bodin
Enregistrement des voix off chez Silvère © Guillaume Bodin
Fin Janvier 2011 le film est pratiquement fini, la dernière version du film sort de l'ordinateur après 3 mois de montage.
Quoi? c'est monté sur un ordi portable??? Bah ouai!!! budget minimum... moyen minimum... © Guillaume Bodin
Il ne reste plus que l'étalonnage couleur (mise en conformité des couleurs et amélioration des contrastes) et le mixage son (ajustement du niveau du son et ajout de quelques bruitages tout au long du film). Pour l'étalonnage il valait mieux faire appel à des professionnels, Jonathan Klein s'occupe d'une petite structure de post-production: le Studio 400 coups et Marie Oudin ont travaillés sur l'étalonnage dans ce petit studio perché au sommet d'un immeuble du 9ème arrondissement de Paris.
Pour le mixage du son Guillaume fait une grosse partie du travail seul pour limiter le coût car le budget est dépassé depuis longtemp. Il se fait aider par Silvère Cheret tout au long du mixage.
Jonathan Klein en plein travail au Studio 400 Coups © Guillaume Bodin
Et c'est ainsi que le film est entièrement finalisé fin Février 2011 pour une avant-première 15 jours plus tard au cinéma de Mâcon.