Guillaume Bodin, le cinéaste-vigneron - Le Dauphiné Libéré Chamonix
Encore une « première » pour le cinéma Vox dirigé par Serge Cataldo, où était présentée mardi soir une surprenante soirée : la projection d'un film sur l'agriculture bio-dynamique et une dégustation d'excellents vins. Aux commandes, Guillaume Bodin, un Haut-Savoyard de 24 ans.
Passionné par la montagne, le ski, il choisit pourtant une carrière en viticulture-oenologie. Un déclic que son père Pierre a probablement actionné en l'envoyant à 11 ans chez un ami, viticulteur dans les Hautes-Côtes de nuit. L'odeur de la terre, des cultures l'enivre. Il deviendra vigneron.
Après un BTS de viticulture-oenologie, débutant sa carrière chez les Tripoz à Loché, en Bourgogne, il y découvre la biodynamie. Passionné par ce mode de culture respectueux de la vigne, des hommes et de l'écosystème, il tient le sujet de son premier film, il a 23 ans...
Guillaume va ainsi passer une année au domaine de la Soufrandière des frères Bret à Vinzelles, dans le Mâconnais, caméra au poing. Le film « La Clef des Terroirs » suit ainsi la vie du domaine, agrémenté de témoignages de viticulteurs de Bourgogne, vallée de la Loire et du Languedoc ; des spécialistes de la biodynamie, comme Pierre Masson, interviennent également. Les images sont magnifiques, et ce coup d'essai... un coup de maître.
De conception artisanale, ce film est pourtant d'une qualité technique irréprochable. Mais c'est surtout la passion de « ses » acteurs qui étreint le public. Une passion faite de travail forcené, de méthodes surprenantes, les labours par les chevaux, les arrosages aux décoctions de plantes, le minimum d'apport chimique, mais aussi l'espoir qui brille dans les yeux, les déceptions dues à la grêle et à nouveau l’énergie de se battre.
« Il faut défendre ses convictions, mais aussi se mesurer aux railleries des agriculteurs chimistes et aux « pros du tracteurs ». On nous prend pour des utopistes, des passéistes ou des illuminés » explique un vigneron « biodynamique ». Un film-témoignage passionnant... suivi d'un débat qui ne le fut pas moins. Notamment grâce à la présence de Christian Martray, sommelier au Hameau Albert 1er, un intarissable passionné du sujet.
N.P.-F.