Le carnet de bord(eaux) - La Clef des Terroirs et l'Esprit du vin
Retour sur la projection du film à Bordeaux par Charles Traonouëz qui anime le blog carnet de bord(eaux)
La Clef des terroirs et l'Esprit du vin
Hier soir, j’ai pu assister avec 150 autres personnes à la projection du film « La Clef des terroirs » réalisé par Guillaume Bodin, qui en dépit de ses 24 ans a déjà travaillé dans plusieurs domaines viticoles en biodynamie en France et en Nouvelle-Zélande. Il s’agit de l’œuvre d’un passionné et professionnel du vin, réalisée avec un petit budget inférieur à 50 000 euros, et qui est diffusée actuellement dans plusieurs villes de France, à raison d’une à trois projections par étape.
J’ai trouvé ce film esthétique, pédagogique et fin. Par exemple, sur la question du soufre en vinification ou en élevage, deux témoignages croisés de vignerons montrent qu’ils n’y a pas d’approche figée et que l’inspiration du vigneron prédomine encore sur le dogme, même en biodynamie.
Ce qui est surtout appréciable dans ce film c’est que le spectateur n’est pas confronté pendant une heure et demi à un déferlement d’images cataclysmiques sur la dégradation de l’environnement. Au contraire, le message transmis par le réalisateur est positif. C’est celui d’un renouveau de la viticulture, d’une redécouverte des gestes anciens, avec comme fil rouge l’expérience des frères Bret dans le mâconnais. Heureux qui comme un biodynamiste aurait pu écrire du Bellay, car ce qui est frappant dans le film c’est l’éternel bonne humeur affichée par les différents intervenants dans le film, mais ce qui ne m’étonne guère pour avoir échangé avec des vignerons comme le regretté Marcel Lapierre, Thierry Germain, les Joly père et fille ou encore Stéphanie Roussel, dont la générosité et la franche sympathie s’expriment dans leur vin comme dans leur vie.
A contrario, c’est vrai que les sujets de franche rigolade sont moins fréquents en viticulture plus conventionnelle, quand il faut manipuler des produits phytosanitaires réputés cancérigènes ou des déhserbants qui bétonnent les sols, et dans un contexte économique mondial saturé de vins bons marchés rendant le travail à perte légion dans les petites appellations. Au contraire, chez les frères Bret, où la dimension paysanne se mêle à la haute couture viticole, même le traitement de la vigne, au moyen d’un mélange de bouillie bordelaise et d’infusions de plantes, prend une tournure ludique.
Ceux qui ont raté la projection d’hier pourront se consoler avec la diffusion prochaine d’un autre film abordant le même thème mais avec une approche différente, réalisé cette fois par les vignerons bordelais Olympe et Yvon Minvielle avec le soutien du groupe « Renaissance des Appellations ». Leur film, L’Esprit du Vin – le Réveil des Terroirs, sera projeté le 27 juin prochain au cinéma l’Utopia. De larges extraits sont déjà visibles, soit sur le blog du château lagarette, soit sur le site de la Renaissance des Appellations (www.biodynamy.com). Signe de l’évolution de la viticulture, on pourra découvrir Michel Rolland dans un rôle à priori inattendu (mais cette fois non piégé par un Jonhatan Nossiter) s’exprimer sur la réussite de la biodynamie.
Charles Traonouëz pour carnet de bord(eaux)