Les Fiches du Cinéma n°2005 - La Clef des Terroirs
Connaissez-vous les Fiches du Cinéma? un magazine qui suit les sorties nationales de film et que chaque exploitant de salle utilise pour créer leur gazette. En espérant que ça ne va pas inspirer les exploitants qui ont programmé La Clef des Terroirs... c'est intéressant les critiques négatives!!! D'un autre côté il y a rarement des films documentaires auto-produit et auto-distribué dans leurs pages ;-)
La Clef des Terroirs
de Guillaume Bodin (82 minutes. France, 2011). Scn. : Guillaume Bodin. Im. Guillaume Bodin. Mus. : Henry Torgue et Serge Houppin SilvR. Production : Univers Ditvin. Prod. : Guillaume Bodin. Dist. : Univers Ditvin. Sortie France : 16 Mars 2011 (Visa n°127440. 1 copie) Avec Pierre Masson, Guillaume Bodin, Olivier Jullien, Jean-Guillaume Bret, Jean-Philippe Bret, Dominique Massenot, Thierry Germain, Sylvain Loichet, Aubert de Villaine, Richard Leroy, Frédéric Servais, Jasper Morris.
Sur une saison viticole, La Clef des Terroirs suit le parcours de vignerons pas comme les autres. Contre la culture intensive, contre le formatage du goût, ils ont choisi la biodynamie, cette forme d'agriculture qui prône un véritable retour à la terre. Ici, pas de tracteur, on laboure à l'ancienne. Pas d'engrais chimiques, on vaporise des solutions à base de pissenlits et de bouses de vaches. Pas d'objectifs de rendements en hectolitres, on respecte le ryhtme du vignoble. Les vignes poussent ainsi parmi les herbes et les fleurs, en harmonie avec un écosystème préservé d'une intervention humaine trop corruptrice et en présence d'animaux d'élevage... Devenue en quelques années un phénomène culturel, dans le sillage du fooding et autres courants gastronomiques en lutte contre la malbouffe, la biodynamie méritait bien un décryptage.
Interviews à l'appui, La Clef des Terroirs s'emploie donc à retracer le concept, la philosophie même, de cette tendance. Alléchant sur le principe, le documentaire de Guillaume Bodin emploie hélas un didactisme des plus maladroits. Formelement, on est parfois proche d'un reportage scientifique lourdement illustratif (avec vue en coupe de racines, etc...). Surtout, alors que toute la démarche de la biodynamie vise à repenser le rapport nature/culture, le lien local/global, le documentaire occulte étrangement toute dimension politique. On reste sur sa faim (et sur sa soif).
Triste paradoxe de ce film qui se veut prosélyte, qui a toutes les raisons de séduire, mais qui se montre au final si peu convaincant...
Cédric Lépine
Un petit mot de Guillaume Bodin
pour ne pas paraître ridicule (d'un autre côté il aurait été beaucoup plus facile de ne pas mettre l'article sur le site):
Faire un film d'une heure vingt oblige à faire des choix qui peuvent se révéler très difficile lorsqu'on a jamais rien appris en cinéma. Le but de ce film reste avant tout d'amener une lueur d'espoir d'une agriculture respectueuse de son environnement à une société qui en a grandement besoin (je ne parle même pas du nucléaire, Fukushima, jour de mon avant-première... quelle belle explosion). Le film occulte beaucoup de chose, l'aspect politique est abordé très brièvement mais suffisamment je pense pour comprendre qu'il n'y a aucune volonté politique pour l'agriculture biodynamique (Pierre Masson le dit assez clairement il me semble). Il aurait sûrement été très intéressant d'interviewer des politiques sur cet aspect mais en tant qu'auteur, réalisateur, producteur, distributeur et ouvrier viticole je n'ai pas trouvé le temps de le faire (j'y ai pensé c'est vrai, comme j'ai pensé à mettre des femmes dans le film, elles m'ont soit répondu de manière négative, soit je n'ai pas eu le temps d'aller les interviewer car elles sont peu nombreuses et éloignées les unes des autres, mais apparemment ça n'a pas choqué la presse ou ce n'est pas dit dans l'article).
Le rôle d'une Mycorhize reste impossible à expliquer avec des gestes ou il faut être très, très fort... le schéma en 3D restait la meilleur alternative (10 secondes du film sur 4896 secondes). D'un autre côté il n'existe aucun film parlant du rôle primordial de ces champignons microscopiques dans la nature, c'est sûrement grâce à eux que l'on arrive à se nourrir sans engrais de synthèse.
Après j'accepte toutes les critiques, qu'elle soit positives ou négatives, de toute façon c'est très formateur. Mais au regard de ce qu'on m'a dit à la sortie des mes quatres premières projections, je laisse la parole aux spectateurs.