La Biodynamie comme credo - L'Union
PASSION. Ce documentaire à la gloire de la biodynamie donne la parole à des amoureux de la vigne et de la nature; des philosophes aussi.
Une corne de vache est remplie jusqu’à la gueule de bouse de premier choix collectée dans une pâture. La corne ainsi garnie est mise en terre pour y passer l’hiver au frais. Un processus de fermentation va ensuite transformer la bouse en une substance noire aux vertus remarquables pour fertiliser la terre. Cette préparation, un rien surprenante pour le commun des mortels, ils sont nombreux à la réaliser. Pas des druides planqués au fond d’une forêt bretonne mais des viticulteurs ayant pignon sur rue, en Bourgogne, dans le Roussillon ou sur les rives de la Loire. Tous sont entrés en biodynamie comme on entre en religion. Et c’est à la lettre qu’ils suivent les principes édictés par l’agronome allemand Rudolf Steiner lorsque les agriculteurs d’outre-Rhin s’inquiétaient de la dégénérescence de leurs productions après le conflit de 14-18.
Un réalisateur de vingt-cinq ans
Ce documentaire réalisé par un jeune Savoyard, qui baigne dans le monde du vin depuis ses onze ans, Guillaume Bodin, met en lumière une autre façon de travailler la vigne et surtout donne la parole à des hommes passionnés, des viticulteurs redevenus paysans et qui pensent avant tout à leurs vignes, au terroir et qui ont tracé une croix sur la productivité trop souvent de mise dans les galipes.
Réduire la quantité d'engrais
Rien ne prédisposait d’ailleurs Guillaume Bodin à s’emparer d’une caméra. C’est lors de son bac pro viticulture-oenologie, qu’il va découvrir une exploitation en biodynamie dans le sud de la Bourgogne et se passionner pour ce mode de culture, respectueux de la vigne, des hommes et de l’écosystème. En 2010, il décide de réaliser un film pour expliquer les tenants et les aboutissants de cet engagement en donnant la parole à de nombreux viticulteurs. De riches témoignages dont une grande partie est livrée en complément du documentaire.
« On a tué les sols avec des apports insensés d’engrais », témoigne un vigneron de Nuits-Saint-Georges qui est passé du conventionnel et sa cohorte de produits phytosanitaires à la biodynamie. Et lorsque Bodin lui demande s’il voit une différence entre les deux façons de produire, le Bourguignon de comparer : « C’est comme pour le beurre. Il y a celui du supermarché et l’autre, celui de la ferme, plus sain et qui a beaucoup plus de goût ».
Ce documentaire, qui suit le millésime 2010, permet de découvrir les grandes lignes de la biodynamie. Le recours au cheval pour aérer la terre entre les rangs de vigne, un espace jadis déstructuré et lessivé par les produits phytosanitaires qui est maintenant laissé en herbes pour conserver une vie bactérienne ; la réalisation de tisanes (sic) à partir de prèle, ortie, osier, achillée et pissenlit. Des préparations qui sont ensuite pulvérisées sur les vignes, et ce en respectant le calendrier planétaire. Et puis encore la réalisation du vin en réduisant le plus possible l’apport de soufre.
Au final, même s’il pêche par l’absence de contradicteurs et l’aspect trop technique pour les néophytes, ce documentaire engagé est riche d’enseignements et a le grand mérite d’inviter à la réflexion.
Olivier Bachelard
« La Clef des Terroirs ». Documentaire français (2011 - 1 h 12). Editions Montparnasse. 15 euros.