[NATURE & PROGRÈS] Zéro Phyto, 100% Bio un film prometteur !
À la demande des associations Générations Futures, Bio Consom'acteurs et Agir Pour l'Environnement, Guillaume Bodin s'est lancé avec sa caméra dans un tour de France des "solutions concrètes pour des villes sans pesticides et des cantines bio". Nous avons tenté d'en savoir plus.
Par Nelly Pégeault pour la revue Nature & Progrès n°111 - février-mars 2017
Guillaume Bodin est un réalisateur assez atypique qui a fait ses études dans le monde du vin. D'ailleurs il possède un BEP, un BTS viticulture-oenologie. Il a quasiment toujours travaillé dans les vignes, biodynamique de préférence. S'étant rendu compte pendant ses études que ses professeurs et des "collègues de classe", ne comprenaient rien à la biodynamie, dès sa sortie de l'école il achète sa première caméra et réalise La Clef des Terroirs. Ce documentaire, sorti au cinéma, explique aux néophyte le monde du vin biodynamique. Puis Guillaume retourne dans les vignes. En 2013, un arrêté préfectoral de Saône et Loire impose à tous les vignerons de traiter leurs vignobles aux insecticides pour lutter contre la flavescence dorée(1) qui sévit dans la région. Bien qu'il travaille sur un domaine en biodynamie, le secteur étant plutôt à l'agriculture chimique, Guillaume respire des insecticides toute la journée. Cela dure trois semaines ! Il en devient hyper sensible aux produits chimiques. Puis Emmanuel Giboulot, un viticulteur biodynamique de Côte d'Or que Guillaume connait bien, est convoqué au tribunal pour refus de traiter ses vignes aux insecticides. C'en est trop ! Guillaume reprend sa caméra afin d'aider "la cause". Car si Emmanuel Giboulot est le premier a être convoqué au Tribunal, il n'est pas le seul viticulteur à réagir face à cette obligation de traitements: de nombreux vignerons bio sont mobilisés, qui tentent de l'empêcher ! C'est ainsi qu'Inseciticide Mon Amour voit le jour et sort au cinéma, ce qui n'était pas prévu. Il faut dire que des associations comme Bio Consom'acteurs, Agir Pour l'Environnement ou Générations Futures aident beaucoup à la faire connaître, en soutenant médiatiquement sa sortie en salles. Zéro Phyto, 100% Bio est la suite de cette aventure et du beau compagnonnage entre Guillaume Bodin et ces trois organisations écologiques qui comptent bien, à travers ce film, poursuivre leur campagne de sensibilisation éponyme née en mars 2014. Et dont l'objectif est d'alimenter, à travers la France, le débat sur les pesticides... en montrant les pistes pour sortir de leur logique mortifère.
Nature & Progrès : Au cours de la réalisation de Zéro Phyto 100% Bio tu as dû croiser pas mal d'initiatives intéressante : y en a t'il une qui t'ait particulièrement marqué ?
Guillaume Bodin : Pour moi, la plus marquante, c'est celle de Mouans-Sartoux, une commune entre Cannes et Grasse qui est vraiment engagée - et depuis longtemps ! - sur les questions du 100% Bio. Dans cette ville, ils sont tellement attentifs à ce qu'ils donnent à manger aux enfants, qu'ils ont même créé une régie agricole. La municipalité a acquis une ferme de quatre hectares où travaillent deux agriculteurs qui produisent l'essentiel des légumes biologiques qui alimentent les cantines scolaires; ils sortent 1000 repas par jour. Pour moi, aller jusqu'à vouloir maitriser l'appareil de production pour être sûr de la qualité des aliments qui arrivent dans l'assiette des enfants, c'est vraiment intéressant !
Régie agricole de Mouans-Sartoux
Nature & Progrès : Ces initiatives qui seront à l'honneur dans ton film, crois-tu qu'elles sont facilement reproductibles ? Ou au contraire qu'elles sont liées à des élus particuliers, à des personnages atypiques ?
Guillaume Bodin : Je pense que c'est tout à fait reproductible, mais il faut un courage politique pour le mettre en place. Et du suivi, aussi. À Mouans-Sartouc par exemple, qui se trouve dans une zone très urbanisée, ils ont quand même trouvé cette ferme à acheter. Cela prouve bien que toute commune qui s'en donne les moyens peut y arriver. Après, il faut une vraie volonté politique pour décider d'acquérir un bout de terre agricole et d'y installer un ou des maraîchers qui produisent des légumes pour la commune, au lieu d'acheter ailleurs. C'est plus un choix politique qu'une chose impossible !
Concernant le 100% Bio, pour en avoir vu sur d'autres communes, je n'ai pas l'impression que les personnes que j'ai rencontrées soient particulièrement utopistes. Loin du modèle soixante-huitard qu'on pourrait imaginer, on est vraiment sur des gens qui ont réfléchi et estiment simplement que l'alimentation est plus importante que de tout goudronner ou de vouloir construire "le plus beau rond-point" à l'entrée du village !
Nature & Progrès : Quand ton sortira-t-il au cinéma ?
Guillaume Bodin : La sortie nationale est prévue le 8 novembre [NDLR : elle est maintenant repoussée à janvier 2018]. Mais les avant-premières démarreront le 16 mars. Je me déplacerai sur les projections jusqu'en mars de l'année prochaine... Mais c'est vraiment à partir du 8 novembre qu'il sera plus facile de voir le film en salle.
Note :
1 - La flavescence dorée est une maladie de la vigne propagée par un insecte piqueur-suceur nommé cicadelle.
Pour en savoir plus:
http://0phyto-100pour100bio.fr/
Cantine bio à Barjac
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