Guillaume Bodin, vigneron-cinéaste engagé contre les pesticides
Quand un arrêté préfectoral de 2013 impose un traitement obligatoire aux insecticides pour lutter contre la flavescence dorée en Saône-et-Loire, Guillaume Bodin, ouvrier viticole, souffre rapidement de maux de tête et de saignements de nez. Lui qui a toujours souhaité devenir vigneron en biodynamie, démissionne et cherche à comprendre. Deux ans d’enquête plus tard, « Insecticide, mon amour », documentaire de 52 minutes dénonce la dangerosité des insecticides et leur usage préventif inadapté.
Une vidéo de l'Agence France Presse (tous droits réservés) réalisée par Fabienne Bruère.
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Le réalisateur de documentaire Guillaume Bodin au domaine de la Soufrandière à Vinzelles, dans le Centre est de la France, le 8 septembre 2015 afp.com/ROMAIN LAFABREGUE
Vinzelles (France) (AFP) - Il voulait devenir vigneron mais les traitements chimiques ont tout remis en question. Guillaume Bodin, 28 ans, s'est reconverti dans le documentaire pour mener un combat: son second film, "Insecticide, mon amour", est présenté cet automne dans une vingtaine de salles.
En 2013, Guillaume Bodin décide de quitter son travail au domaine de la Soufrandière à Vinzelles (Saône-et-Loire), que gèrent des pionniers de la biodynamie dans le Mâconnais, les frères Bret. Il veut comprendre un arrêté préfectoral qui impose alors un traitement pour lutter contre la flavescence dorée, une maladie mortelle de la vigne. Alors que les vents soufflent à 60 km/h, trois semaines d'épandage sur tout le vignoble lui ont valu maux de tête et saignements de nez quotidiens.
Hypersensible aux produits chimiques, Guillaume Bodin est atteint physiquement mais aussi au plus profond de ses convictions: "Comment peut-on obliger de traiter dans des zones où la maladie n'est pas déclarée et que connaît-on de la dangerosité de ces produits, qui n'étaient plus utilisés depuis dix ans ?"
"Comme nous tous, Guillaume a très mal vécu cette décision imposée brutalement sans concertation", se souvient Jean-Philippe Bret, son ancien patron, devenu un ami. "Son documentaire a été pour lui le moyen de s'exprimer, d'ouvrir le débat".
Le jeune homme multiplie les recherches, rencontre experts, micro-biologistes ou encore service régional de l'alimentation. Ce qu'il découvre le choque: "Non seulement les insecticides utilisés sont extrêmement dangereux – 5.000 à 10.000 fois plus puissants que le DDT interdit dans les années 1970 – mais leur usage préventif est inadapté", affirme-t-il.
Le sujet n'est pas seulement la lutte contre la flavescence dorée mais également de questionner les pratiques agricoles. "Pour moi, les insecticides remettent tout en question dans l'écosystème, sans parler des risques pour les riverains, les touristes et bien sûr tous les gens qui travaillent dans les vignes."
Amoureux de la nature
Né à Bonneville en Haute-Savoie, Guillaume Bodin a grandi dans l'industrieuse vallée de l'Arve. De son enfance, il garde un amour inconditionnel de la montagne et de la nature. A 14 ans, il s'engage dans des études viticoles: BEP, Bac Pro puis BTS oenologie-viticulture en alternance à Belleville-sur-Saône dans le Rhône. Le sujet de son premier exposé ? Les OGM.
Le réalisateur de documentaire Guillaume Bodin au domaine de la Soufrandière à Vinzelles, dans le Centre est de la France, le 8 septembre 2015 © ROMAIN LAFABREGUE AFP
"Les questions environnementales m'ont toujours intéressé", analyse le jeune homme aux yeux clairs, casquette à grande visière vissée sur la tête. "Cela vient sans doute de mes parents, on a toujours consommé bio à la maison."
A partir de 2005, il multiplie les expériences professionnelles chez des vignerons bio en France comme à l'étranger. Au fil de son parcours, ses convictions s'affirment. Pour expliquer la biodynamie au plus grand nombre, il se lance dès 2011, sans connaître le monde du cinéma, dans la réalisation d'un premier documentaire.
"Guillaume avait une idée très claire de ce qu'il voulait. Il s'est acheté une caméra professionnelle, a suivi des tutoriels sur internet et il a réussi à tourner, monter et sortir son film", raconte Jean-Philippe Bret.
"La Clef des Terroirs" est salué par la critique et obtient plusieurs prix. C'est à cette époque qu'Hélène Thibon, vigneronne à St Marcel-d'Ardèche, rencontre le jeune réalisateur.
"Nous avons beaucoup aimé son premier documentaire et nous l'avons totalement soutenu pour Insecticide, mon amour, un travail monumental de recherche et de vulgarisation, indispensable pour informer les citoyens", dit-elle aujourd'hui.
Pour Guillaume Bodin, la vidéo est "le meilleur vecteur pour toucher les jeunes générations". "Mon côté militant me porte au quotidien. Les insecticides ne sont pas un sujet que j'aime, j'ai voulu en parler pour que les choses évoluent."
Un article de l'Agence France Presse, tous droits réservés.
Cet article a été repris par L'Obs, L'Express, Le Point, Libération, TV5 Monde, France 3 Bourgogne, Le Courrier de l'Ouest, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès, Good Planet, Var-Matin...
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