Marie-Thérèse CHAPPAZ - T'as où les vignes ?

Nouveau projet en vue, du contenu assez brut de rencontres faites au long de mon chemin, très peu de montage pour vivre ces rencontres comme si vous y étiez. Premier rendez-vous test avec Marie-Thérèse Chappaz chez qui j'étais en train de tourner la suite de "La Clef des Terroirs - Retour aux sources", et avec qui nous partageons habituellement la gestion de ce domaine Valaisans en dehors des moments où je suis (très rarement actuellement) derrière une caméra.

Pour aller plus loin

Le site internet de Marie-Thérèse Chappaz www.chappaz.ch

Le projet de dodumentaire La Clef des Terroirs - Retour aux sources sur https://www.dahu.store/fr/content/8-financement-participatif-la-clef-des-terroirs-retour-aux-sources

L'interview

Marie-Thérèse CHAPPAZ: On fait comment?

Guillaume BODIN: Bah je vais monter avec toi.

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Bah oui. Attends, je t'ouvre la porte.

Guillaume BODIN: Ouais, je viens.

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Oh regard il y a une belle lumière sur le portail de Fully.

Guillaume BODIN: T'as où les vignes là ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Oui, j'ai un teeshirt où c'est marqué t'as où les vignes ? Parce qu'en Valais on dit t'as où le chalet ? T'as où le mayen ? T'as où les vignes ? T'as où les vaches ?

Alors bah regarde j'ai donc tout le coteau ici, c'est une paroi qui s'appelle les claives. Les claives je pense que ça veut dire comme un piano. Tu sais, tous ces petites tables, tous ces petits claviers comme ça, je pense que ça veut dire ça les claives. Et puis, je n'ai pas tout est à moi hein ! Mais j'en ai une bonne partie ici, dans ce coteau, 5 hectares sans route, mais on a ce téléfunis.

Guillaume BODIN: T'as quoi comme cépages ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Alors, j'ai la majorité, c'est l'Hermitage, donc le cépage marsanne blanche, j'ai la petite arvine, j'ai de la syrah. Donc la marsanne et la syrah c'était une idée de mon oncle parce que lui, il pensait la vallée du Rhône mettre les mêmes cépages que dans la vallée du Rhône française. C'est pour ça qu'on a toutes ces syrahs et puis ces ermitages. Alors, j'ai la petite arvine, bien sûr, cépage emblématique de Fully. Et puis, j'ai un petit peu d'Humagne Blanc en fait l'humagne. C'est le plus vieux cépage valaisan. C'est un souvenir de ma tante Corina Bille, qui était écrivain, et il y a un petit texte de mon oncle, qui était aussi écrivain pour parler de cette humagne.

Ce n'est pas très, très réjouissant quand on voit les vignes là, parce qu'il y il a tellement, tellement tous les jours, des pluies chaudes et tout alors l'herbe, l'herbe elle adore hein. Regarde voir. Oh mon Dieu ! Et puis ce n'est pas comme le printemps ou il y a plein plein de fleurs. Alors là, c'est l'herbe.

Alors tu vois, c'est là qu'il y a eu cette roche qu'a été minée. Ça, c'était un grand rocher. Alors c'est ça qu'ils disent : une roche fut minée aux claives. C'est celle-là.

Guillaume BODIN: Et qui est-ce qui a dit ça ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: C'est Maurice Chappaz, mon oncle l'écrivain. Alors c'est ça qu'il y a sur la contre étiquette de l'humagne, une roche fut minée aux Claives et il fut planté le cépage l'humagne, le vieux cépage Humagne. Puis après il raconte, poésie d'une œuvre, poésie d'une vie, poésie d'une vigne. Ce vin redit ce mariage.

Guillaume BODIN: Et on va jusqu'où comme ça ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Ah ben, on va jusque, on monte 150 mètres de dénivelé, mais il y a plus haut si tu veux, on peut monter plus haut. Ah bah tu vois, on voit juste arriver le soleil, mais il est timide ce matin.

Guillaume BODIN: Et là ce téléfunis il appartient à tout le monde ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Non pas à tout le monde, seulement aux propriétaires de vignes. On a un syndicat qui gère, dont je suis la présidente. Et on paye chaque, chacun, chaque propriétaire paye les dettes de la construction du télé et chaque exploitant paye l'entretien. C'est deux choses différentes.

Je ne sais pas jusqu'où, en fait j'aurais dû te demander. Est-ce qu'on va ? On va à Plamont à la vigne de Camille, tu veux aller la voir ?

Guillaume BODIN: On peut aller faire un tour ouais !

Marie-Thérèse CHAPPAZ: On va faire un tour, voir comment ça va. Ah ouais ça je n'y ai pas pensé.

Je pense que c'est l'équipe, à 6 heures le matin, ouais.

Oui, Krystian. Ha non non partout, partout, mais en haut il n'y a pas beaucoup de vergerettes. Et puis ne pas couper l'herbe, les talus, seulement les chardons. Oui, mais, mais c'est déjà passé fleurs. Tu peux laisser, c'est déjà tout la fleur c'est passé hein. D'accord, et puis pas couper les talus seulement pour marcher. Hein. Ben, je crois, c'est passé fleurs. Hein. Ouais, je pense parce que c'est déjà la fleur, c'est fini, c'est trop tard. D'accord. OK. Tu sais pourquoi? Parce que ce matin, je n'ai pas mis le réveil et puis je suis resté endormi, c'est pour ça que j'ai mis toute l'équipe là-bas parce que je n'ai pas de programme. Comme ça c'est, Jacques Perrin il va passer ce weekend, c'est tout propre, d'accord. Oui, oui, oui, pour toute l'équipe, merci Krystian. Tchao.

Guillaume BODIN: T'as une grosse équipe qui travaille avec toi ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Alors maintenant, on est, j'ai réengagé 5, à cause qu'on a les zuzukis et puis tellement d'herbe à couper. Parce que, pendant le printemps j'aime bien avoir des talus enherbés, des fleurs, l'été, mais là, avant les vendanges, il faut que le raisin soit bien au sec. Donc on va, on va faucher.

Alors on va s'arrêter là. Tu penches un peu hein.

Oh mon Dieu! Ouf! On arrive juste quand il y a soleil. Alors attend la clé. Si quelqu'un a besoin, je la prends moi. Ah, mais je vais faire ça. Je vais quand même prendre le panier. Je mangerai mon déjeuner. Bon, j'ai bien appuyé le bouton rouge. Bien fermer la porte, OK.

C'est mouillé quand même hein !

Ah oui il faut que je coupe les bouts encore à la Combe d'Enfer. Mais je ne peux pas m'empêcher si je vois un truc. Attend, mais je vais poser le, je vais poser le, holà c'est trempe. Je crois que je vais poser le panier. Je laisse là, j'ai mis la clé dedans pour toi, j'ai mis la clé.

Guillaume BODIN: Est-ce que tu peux parler un petit peu de l'historique du domaine ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Alors, l'historique du domaine. Alors mon, toujours mon grand-oncle Maurice Troillet, il venait d'un monde paysan, mais aussi d'une famille de juristes et lui a voulu avoir des vignes, donc il en a acheté, il les a plantés. Il a fait la cave même si ce n'était pas son métier, lui faisait de la politique, mais il avait un vigneron. Et puis maintenant, on dit un œnologue ou un maitre de chai, mais c'était le même, c'était le vigneron qui faisait le vin. C'est comme comme en France, on dit le vignoble, on écrit sous l'étiquette vigneron, c'est-à-dire que le vigneron fait les deux. Il va de A à Z. Nous, on dit vigneron-encaveur, vigneron-éleveur, mais c'est la même chose. Donc, lui, ce n'était pas vraiment un vigneron, mais il avait le gout pour les choses terriennes. Alors il a planté beaucoup de vigne. Et puis, comme il n'avait pas d'enfant, c'est venu tout à la famille de ma grand-mère, donc, aux enfants Maurice Chappaz, mon oncle, mes oncles, mon père. Et ça a été beaucoup partagé. Puis maintenant, j'ai réussi à tout regrouper en louant. C'est-à-dire que le domaine redevient une entité. Ça, ça a été tout un travail d'une vie et ça redevient une entité. Donc, au départ, disons que j'avais un hectare et demi, à ma famille, après à ma tante, après j'ai reloué les vignes de mon oncle. Et puis, disons que le domaine vraiment familial représente quatre hectares, à peu près. Puis moi j'en ai 13, parce que j'ai loué beaucoup d'autres vignes qui étaient à côté, qui pouvaient faire un joli domaine. Voilà. Essayer de créer quelque chose qui a une valeur.

Guillaume BODIN: C'était quoi ta première vigne ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Ma première vigne c'était une vigne à Charrat, de pinot noir qui s'appelait les Esserts et c'était la vigne de ma grand-mère, mon arrière-grand-mère. Alors là il y a une jolie petite histoire sur cette vigne. Je vais te la raconter. Mais je vais juste me mettre là pour te la montrer, quoique maintenant alors on a un peu de brouillard. Alors c'est rare ça le Valais. Alors ça, c'est vraiment rare. De l'autre côté, sur la rive gauche du Rhône. On appelle ça le l'ubac. J'ai une jolie petite vigne de 1500 mètres, des esserts, alors c'était mon arrière-grand-mère qui l'avait et elle l'avait, c'était un abricotier, elle l'avait mis en vignes. Tu vois déjà une arrière-grand-mère. Et puis, à l'époque, dans les chambres, il avait leur. Les gens ils n'avaient pas de salle de bain, elle avait le petit broc. Puis c'était une petite qu'on soulevait, et puis elle avait toujours un peu de pinots de Charrat là. Elle donnait à mon père une petite goutte, quand il était 8 ans, 9 ans, elle disait vient on boit une petite goutte de Pinot des esserts. Alors il y a tout un historique joli. Et puis j'adore cette vigne. J'ai l'ai replanté maintenant, de nouveau en Pinot. Et puis, il y a un joli noyer, puis un peuplier à côté. C'est tout à fait une autre ambiance qu'ici. C'est une ambiance plus douce, moins chaude, moins sec, moins aride. C'est assez joli. C'est juste au niveau d'un petit peu plus haut que le Rhône. Le Rhône est à 400 mètres d'altitude. Et puis, on est à 400, à 450.

J'adore ici, ce petit escalier, avec ce mur, avec cette grosse pierre. Cette petite vieille vigne de gamay. Avec ce grand mur, tu te rends compte combien de, j'aimerais bien compter combien de ceps sur cet immense mur hein ? C'est un sous mur. Ils ont planté de la vigne, après il y a encore un autre mur. Et puis j'aime bien cet escalier.

J'ai été voir les vignes d'Henri dans la combe d'enfer magnifique, le Païen, c'était magnifique.

On va peut-être descendre au kaki.

J'aurais pu dire que mon grand-oncle Maurice Troillet, il a, les vignes qu'il a plantées d'ermitage, bah on va aller les voir, elles sont de 1924. Lui, il est juste mort une année après ma naissance.

Guillaume BODIN: Et tu ne l'as jamais connu ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Non.

Mais tu sais quand mon oncle, Maurice Chappaz, il allait me louer les vignes. J'ai vraiment senti sa présence quand je suis monté en voiture voir mon oncle. Parce que ce n'était pas sûr qu'il allait me les louer, chez moi, parce qu'il ne s'entendait pas avec mon père. Mais j'ai vraiment senti l'aide et la présence de mon oncle Maurice Troillet.

Ça c'est le système de culture, comme c'était planté à l'ancien temps, mais c'était encore plus serré face à la pente, des gobelets, avec son tuteur chacun. Il faisait le treuil au milieu.

Guillaume BODIN: Est-ce que tu as été une des pionnières en biodynamie ici en Valais ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Non, la vraie pionnière, c'est Marion Grange. Marion Grange et Jacky Grange. Mais c'est Marion qui a donné l'impulsion à Jacky. Comme on dit c'est la femme qui a donné l'impulsion aussi à Adam et Eve. Et puis, elle a été la première femme qui avait fait l'apprentissage en culture biodynamique. Mais dans l'horticulture, c'était l'horticulture ou la maraichère ? Je ne suis pas sur ça. Pas dans la vigne, en tout cas. Elle n'était pas, elle aimait pas, elle n'aimait pas trop la vigne au départ. Mais elle a donné, elle a épousé un vigneron. Puis elle a donné. C'est eux les vrais pionniers. Et moi, j'ai commencé en 97 d'avoir l'envie. Et tout le domaine, j'ai commencé petit à petit, avec deux hectares, un hectare, tout le domaine en 2003. 2003, j'étais certifiée, 2003 voilà.

Guillaume BODIN: Et ça t'as changé ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Oui, alors vraiment, je ne sais pas comment. D'ailleurs, je n'aimais pas comme je m'occupais. J'aimais pas comme elles étaient mes vignes avant. Alors, depuis que je fais comme ça, oui, j'ai vu vraiment une grande amélioration. Ouais, ça, c'était une toute, la rencontre avec la biodynamie ça a été vraiment extraordinaire.

Guillaume BODIN: Et tu reviendrais en arrière ? Non ?

Marie-Thérèse CHAPPAZ: Jamais ! Non, non, même que t'as du mildiou, même quand on a des problèmes, non non jamais alors. Ça ne me rendrait même pas à l'idée.

Marie-Thérèse CHAPPAZ - T'as où les vignes ?

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